Polaroïd
Aftersun de Charlotte Wells Sophie, à 11 ans, filme son père avec un caméscope. La vidéo est mise en pause, et l’on aperçoit le reflet de ce que l’on devine être Sophie adulte, regardant l’écran. D’emblée, Aftersun se situe sur le plan de la remémoration. L’image s’ajoute comme une prolongation d’archives parcellaires, dans une démarche qui, bien que fictionnelle dans son exécution, n’est pas sans rappeler celle de l’auto-fiction, Annie Ernaux en tête 1 . Chroniques d’un séjour estival d’une fille pré-adolescente et de son père, le film ne tente pas tant de restituer une suite d’évènements qu’un lieu et une temporalité, une scène où vient se rejouer la fin d’une enfance. Il ne se passe en effet pas grand-chose dans l’hôtel qui semble figé dans un passé immobile. Le beau temps y est omniprésent, des parapentes glissent constamment dans le ciel, tandis que les mêmes personnes s’adonnent jour après jour aux mêmes activités. Pourtant, cet été figé est investi d’une dimension crépu