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Vertiges de la création

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Critique d' Inu-Oh de Masaaki Yuasa (2021) Comme on peut s’y attendre la plupart du temps avec Yuasa, ce sont ici la folie visuelle et la générosité de la mise en scène qui l’emportent sur un récit dont le rythme effréné donne la sensation d’un d’un tourbillon incontrôlable ( dont le dernier plan s’en fait par ailleurs l’écho ) . La structure même est affectée, étant répartie en deux parties aux tempi radicalement différents : l a première, dans un montage aussi fluide que frénétique, s’étend sur plusieurs années à renfort d’ellipses brutales. La seconde quant à elle, voit s’enchaîner une succession de « performances », toutes plus spectaculaires, au point de frôler la saturation, tant par leur enchaînement que par leur longueur. L’effet n’est pas sans rappeler d’ailleurs l’accumulation des strates narratives dans l’œuvre de Mamoru Hosoda – un autre maître de l’animation – le récent Belle en tête. Mais contrairement à son homologue, le traitement du récit chez Yuasa ne semble p

Au seuil

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Esthétique et symbolisme dans L' Œ uf de l'ange de Mamoru Oshii (1985)   L' Œ uf de l'ange fait partie de ces films qui semblent davantage emprunter aux codes de la peinture qu'à ceux du cinéma , tant l'esthétique en constitue la principale grammaire. Sa narration se déploie en effet moins sous un prisme temporel (soit une série d'événements qui structurent et délimitent la durée de l’œuvre) que spatial. Le simple fait de délimiter l'espace en constitue déjà par ailleurs l'un des principaux axes structurels: du premier plan des mains au travelling final s'établit un rapport d'échelle du plus petit au plus grand. Le ton est ainsi donné : le lieu de la narration est celui d'un seuil entre deux contraires. Plus encore, la narration ne fonctionne par un système d e contraires amenés à s'unifier , l'inscrivant dans un procédé de narratologie qui emprunte aux récits mythologiques : la représentation d'un monde dans une tota